La transition énergétique est-elle la réponse décisive aux crises sociales ?
CLIMAT. Les appels, de plus en plus nombreux, à accélérer drastiquement la transition écologique et énergétique pour l’après Coronavirus doivent être entendus et appliqués, selon l’Agence Internationale des Énergies Renouvelables (IRENA).
L’organisation a rendu ses conclusions sur les trajectoires à adopter pour une transition réussie à l’horizon 2050, qui combinerait relance économique, résilience écologique et bien-être des populations.
Les crises d’ordre sanitaire, humanitaire, social et économique déclenchées par la pandémie de coronavirus (Covid-19) exigent une réponse décisive, à grande échelle, fondée sur des mesures sociales et économiques appropriées.
Dans son rapport consacré aux perspectives mondiales de la transition énergétique à l’horizon 2050, l’IRENA souligne la nécessité pour les gouvernements du monde de concilier relance économique, résilience écologique de nos sociétés et amélioration de la santé et du bien-être des populations. Avec pour objectif de décarboner massivement l’ensemble des secteurs d’activité, l’IRENA présente donc un scénario énergétique transformateur avec des perspectives ambitieuses, comme la diminution de 70% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) en rapport avec l’énergie d’ici 2050. Plus de 90% de cette réduction serait obtenue grâce aux énergies renouvelables et aux mesures d’efficacité énergétique, indique l’agence, qui encourage les propositions stimulantes allant dans ce sens, citant l’exemple du Pacte vert de la Commission européenne de la chancelière Ursula von der Leyen.
Mais le rapport prévient d’emblée que la route est encore longue, et le chemin, ardu : afin d’atteindre l’objectif climatique mondial ultime, à savoir zéro émission, il faudra miser sur l’hydrogène et les carburants synthétiques, l’électrification directe, les biocarburants avancés et la gestion du carbone, qui pourraient tous contribuer à hauteur d’environ 60% à la baisse, sans négliger évidemment les modèles commerciaux innovants, les changements structurels et l’adaptation comportementale. D’autant que la dernière tranche des émissions de CO2 dans le monde sera la plus difficile et la plus coûteuse à éliminer pour les spécialistes : même si une transition énergétique colossale s’opérait à l’échelle planétaire, les émissions restantes représenteraient encore un tiers de leurs niveaux actuels, la faute aux industries les plus consommatrices d’énergie, aux transports et surtout à l’aviation, qui seront toujours à l’origine d’émissions substantielles en 2050.
Ces 10 dernières années, les émissions de CO2 du secteur de l’énergie ont augmenté de 1% par an, et la crise économique et sanitaire ne pourra les supprimer que pendant un temps, avant que la reprise des activités ne rétablisse la tendance.